La perception de la maladie et de ses causes dépend en grande partie des croyances religieuses et des rapports que chacun entretient avec la mort et l’idée de l’au delà. La conception rationaliste, telle que l’envisage la médecine moderne, semble s’opposer à celle de la médecine traditionnelle qui donne une explication plus mystique, plus irrationnelle de la maladie. La fatalité, le destin et les malédictions y occupent une place prépondérante.
Particulièrement en Afrique, le problème n’est pas tant de savoir "Pourquoi suis-je malade ?" mais plutôt "Pourquoi est-ce moi qui suis malade?". Qu’ai-je donc fait pour mériter cela ? Et si je me crois innocent - mais est-on jamais vraiment innocent avec le monde des esprits ? - qu’ont donc fait mes ancêtres pour que la maladie s’abatte sur moi et pas un autre?
A ces interrogations légitimes et fondamentales, la médecine moderne ne peut apporter les réponses que les patients attendent. Elles sont du ressort des sorciers et des tradipraticiens qui communiquent avec les esprits. La chirurgie plastique traite de la partie visible de la maladie, la médecine traditionnelle de sa partie invisible. A chacune son rôle. Loin de s’opposer, ces deux approches sont complémentaires.
Depuis longtemps les équipes chirurgicales d’Interplast-France ont compris cette problématique et ont intégré dans leur pratique cette dualité. Il ne suffit plus de soigner selon nos standards modernes mais il est nécessaire de guérir l’homme malade dans sa globalité. La guérison complète passe par une indispensable médiation avec les esprits.
Les esprits décident. Le sorcier transmet la décision. Le village l’accepte. Le chirurgien l’exécute. Et l’anesthésiste, sorcier parmi les sorciers, en permettant au patient son passage rédempteur dans le monde des esprits, permet in fine l’exécution de la sentence thérapeutique et la réparation de la malédiction originelle.